Description du lac

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Description :

Le lac ou le marais de Réghaïa correspond à l’estuaire de l’oued de Réghaïa dont l’embouchure est barrée par un cordon dunaire. Aujourd’hui, ces dunes sont doublées à quelque 600 m en amont d’une digue artificielle qui retient un lac permanent. Des marécages, à roseaux et scirpes, subsistent d’une part en aval de la digue et d’autre part sur les rives et dans les points amonts du lac. Une grande scirpaie à Scirpus lacustris s’étend sur le secteur Sud, elle est surmontée localement d’Eucalyptus camaldulensis dépérissants et mêlée de petites roselières à Phragmites communis, des plages de massettes à Typha lat(folia et d’Iris pseudocorus. Entre la digue et les dunes, les vestiges du marais lagunaire comprennent une Phragmitaie à Phragmites communis mêlée de Tamarix africana et Typha latifolia au Nord. Les berges sont en pente douce. les environs immédiats se composent de champs de jachères, de maquis à oléastre Olea europaea et de lentisque Pistacia lentiscus, ainsi que quelques bosquets d’Eucalyptus. Le site s’étend sur plus de 3km de long (sens Nord-Sud )et plusieurs centaines de mètres de large. La petite 11e Agueli fait face au marais à un kilomètre en mer et permet des échanges du point de vue ornithologique, notamment pour les laridés et les grand cormoran le Martinet noir.

Type de Zone Humide : Marine A.C.D.E.

Critères Ramsar : 1, 2 et 3 M. O. Tp. Ts. Y.

Justification des Critères :

Critère 1 :

Le marais côtier de Réghaia, est considéré comme un site d’importance internationale car il constitut le dernier vestige de l’ancienne Mitidja, il reste actuellement la seule zone humide de la région biogéographique de l’Algérois qui donne face directement à la mer Méditerranée, permettant ainsi de jouer un rôle d’étape pour les oiseaux migrateurs après leur traversée de la Méditerranée. Il reste également la seule zone humide ayant échappé aux opérations d’assèchement qui ont fait disparaître les lacs de la Mitidja notamment le lac Halloula et les petits marais de la Ressauta, d’où son importance historique et écologique. Son intérêt est souligné par son isolement géographique et sa position à mi-chemin entre les voies migratoires classiques de Gibraltar et du détroit Sicilo-Tunisien.

Critère 2 :

Le site abrite 4 espèces rares, 3 d’entre elle sont classées vulnérables sur la liste rouge de l’UICN : Aythya Nyroca, Marmaronetta angustirostris et oxyura Leucocephala. Critére 3

Le site abrite des espèces vègétales et animales importantes pour le maintien de la diversité biologique d’ Afrique du Nord et de Mediterranée.

Caractéristiques physiques :

Géologie :

La zone située au Nord-Est de la plaine de la Mitidja présente une formation géologique qui est un synclinal néogéne de dépôts fins du miocène et du plio-quaternaire (Rivoirrad 1952). Mutin (1977) affirme que c’est une formation géologique qui est passée par un plissement puis un remblaiement. Les Principaux faciès géologiques sont de type alluvionnaire et marécageux. Les faciès datant du quaternaire récent et actuel se composent de dépôts marins et dépôts lacustres, d’Alluvions récentes, caillouteuses et limoneuses, de dunes consolidées, de lumachelles à pétoncles, poudingues, et grés marins, de sable argileux et d’alluvions anciennes du quaternaire.

Géomorohologie :

La zone est localisée dans un plateau central surélevé de la région de Réghaïa. Sa surface est profondément creusée par de nombreuses vallées torrentielles qui lui donnent une configuration ondulée. Elle est sillonnée par l’Oued Réghaïa qui forme une petite vallée étroite qui comprend deux versants, l’un à l’Est, appartenant anciennement aux domaines Saïdani et Ah Khodja est actuellement occupé par le centre cynégètique et la station de pompage, l’autre, à l’Ouest, est occupé par le douar Ain El-Khahla et le domaine Boudhane. A la partie Nord de la vallée s’allongent des dunes phis ou moins fixées qui séparent l’embouchure de l’Oued Réghaïa de la mer.

Pédologie :

La zone littorale de Réghaïa présente un sol à tendance sablo-limoneuse, par contre la partie centrale est caractérisée par une terre fertile à tendance argileuse, constituée par des sols bruns méditerranéens et des sols rouges brunifiés.

Hydrologie :

Les eaux du lac proviennent des précipitations et du ruissellement des eaux des nappes qui sont à l’origine de la formation du marais de Réghaïa. Le marais de Réghaïa est alimenté par trois cours d’eau. Oued Réghaïa. dont la grandeur de son bassin versant est de 75 km2 dont une part de 25km2 est constituée par un territoire monticuleux, le reste est une plaine inclinée vers la mer. Il est alimenté par deux affluents à savoir Oued Guesbai et Oued Berraba. Oued El Biar, cet Oued qui prend naissance aux environs de la zone industrielle RouibaRégha ïa et traverse une grande partie des champs .avant de se déverser au niveau du lac. Sa grandeur est de 4075 m et son bassin versant de 20km2. L’Oued Boureah, un affluent de l’oued El Hamiz, débute à Rouiba et draine de ses eaux de ruissellement des terres agricoles de la Mitidja Nord-Est. Son bassin versant est de 20 km2 La côte actuelle mesure 3m ce qui correspond à un volume de 3.3 hm3, représentant la réserve possible en eau du lac. Le marais de Réghaïa est pourvu d’une station de pompage équipée de trois pompes verticales d’une capacité de 350 lIs chacune pour alimenter le réseau d’irrigation d’un périmètre agricole de plus de 1200 has. Grâce à la station d’épuration installée en amont de la retenue, le lac reçoit quotidiennement une quantité importante d’eau d’origine industrielle (20.000 m3Ij) et urbaine (7000 m3Ij). Malgré la diminution en été des quantités d’eau provenant des unités inclus-trielles (période des congés) alors que le pompage est à son optimum, la réserve du lac est plus ou moins maintenue pour assurer une certaine capacité d’accueil pour les oiseaux d’eau jusqu’aux premières pluies. D’après certains auteurs (Aldi et Chibane 1986, et Glaugeaud 1932), il existe, grâce à l’affleurement de la nappe, une alimentation souterraine du marais dont le débit reste inconnu à ce jour. Les eaux du lac sont douces mais assez polluées par les divers rejets industriels, urbains et agricoles. Les concentrations de certains polluants ont dépassé les normes internaionales admises.

Le climat :

La moyenne du minima du mois le plus froid est 5.9 c° en Février ; La moyenne du maxima du mois le plus chaud est 32.8 c° en Août Les moyennes mensuelles prennent des valeurs saisonnières, la plus faible moyenne caractérise la période hivernale (11.4 c en Janvier). La moyenne la plus élevée caractérise la période estivale, 26.6 c° en Août. Le mois de Janvier représente le mois le plus pluvieux soit 839,4 mm. Le mois de juillet représente le mois le plus sec, soit 53,lmm.

Les Vents :

Le vent est d’habitude faible à modéré, sa direction prédominante est de Nord-Ouest. Le sirocco souffle en moyenne 5 jours par an. Les orages sont fréquents surtout en hiver et en automne avec en moyenne 23.3 jours/an.

Humidité :

La période humide englobe les trois saisons (automne, hiver, et printemps) et la période sèche correspond à l’été.

Synthèse climatique :

Le climat de la région s’inscrit dans le climat méditerranéen et se caractérise par une saison humide de 07 mois et une saison sèche qui correspond à la période estivale de 05 mois. Suivant le climagramme d’Emberger, le marais de Réghaïa est situé dans l’étage bioclimatique subhumide caractérisé en particulier par des étés secs et chauds et par des hivers doux et humides.

Valeurs hydrologiques :

Les fonctions réelles du lac en matière de prévention contre l’érosion côtière, la maîtrise des crues, le captage des sédiments et le maintien de la qualité de l’eau, n’ont pas fait l’objet d’étude pour pouvoir quantifier et apprécier ces valeurs. Mais d’après les différents écrits, cette zone humide est une zone de captage de sédiment et d’épandage de crue. La pente douce du lit du cours d’eau ne favorise pas l’accroissement de l’énergie cinétique des éléments solides charriés par les eaux des crues d’où l’incapacité de cet Oued de transporter suffisamment d’alluvions pour le comblement de l’estuaire. La ride du Sahel formée essentiellement de dépôts de sables dunaires constituait la digue naturelle, avant son renforcement par une digue artificielle qui retient actuellement les eaux du marais. En plus de ces fonctions, le lac de Réghaïa assure l’irrigation de 1200 has de terres agricoles.

Caractéristiques écologiques :

La zone humide est un condensé de toutes les caractéristiques des milieux humides. Elle est composée d’un complexe d’écosystèmes spécifiques et complémentaires se succédant de la partie continentale à la mer. Le marais, milieu intermédiaire entre le pré et le lac, joue un rôle important pour contenir et régler les crues des oueds, ainsi que pour préserver certaines espèces qui, comme les hérons et l’avocette (Recurvirostra avocetta) ou le canard colvert, ne peuvent nidifier ailleurs. Le caractère le plus manifeste de cet habitat est sa végétation qui forme des zônes distinctes en cercles concentriques. Les formations hautes les plus importantes sont à base de Thypha latfolia et Phragmites co,nmunis. Elles sont enrichies au printemps par des touffes de Scirpus lacustris. Le lac est un réservoir permanent d’eau douce d’une superficie de plus de 75 ha. A partir de la limite externe de la rive se succèdent une zone peuplée d’arbres hydrophiles (Salix alba, Populus alba, Eucalyptus camaldulensis), enfin les plantes qui vivent plus ou moins submergées comme la massette à Typha latfolia et le jonc à Juncus acutus. Entre la digue du lac et le cordon dunaire, le marais est colonisé par les groupements à Juncus avec la présence de Tamarix africana. Entre les dunes fixées et le lit de l’oued, se développe le groupement halophile à Planta go coronopus, où les dépôts blanchâtres de chlorure de sodium sont apparents. Le cordon dunaire, barrière naturelle entre la mer et le marais dont les dunes sont stabilisées et recouvertes de groupements à Pancratium maritimum, Lotus crticus, Ammophila arenaria, Chamaerops humilis. Cette végétation se développe en bandes étroites le long de la côte, elle arrête et fixe le sable en formant une barrière qui ferme l’embouchure de l’oued Réghaïa. La zone marine située autour de la petite île Aguili, lieu de nidification de certaines espèces tel que le Grand cormoran (Phalacrocorax carbo) et le Goéland leucophée (Larus cachinnans). Parmi les espèces végétales rencontrées au niveau de cette formation rocheuse on trouve Asteriscus maritimus et Altheae officinali. Le maquis forme une ceinture plus ou moins étroites autour du lac et permet une bonne protection pour l’avifaune, il est représenté par quelques vestiges de l’ancien maquis à Oleo-lentisque composé d’Olea europaea, Pis tacia lentiscus, Cratae gus mono gyna,Rubus ulmfolius, Smilax aspera et Hedera helix. Dans un milieu si diversifié, les animaux sont évidemment très variés aussi, aussi bien herbivores que carnivores, et contribuent à former la chaîne alimentaire du marais. De nombreux insectes vivent dans le marais, libellules, moustiques, papillons etc. Le cycle alimentaire est bouclé par les bioréducteurs qui restituent les substances inorganiques aux producteurs primaires. fi s’agit de bactéries très actives ensevelies dans les limons.

Flore Remarquable :

Le marais côtier de Réghaïa présente une richesse floristique non négligeable estimée à un minimum de 233 espèces végétales recensées, soit l’équivalent de 13% de la flore du Nord de l’Algérie. La distribution de cette flore est conditionnée par l’hydromorphie, et l’halomorphie du sol qui génère la stratification spatiale suivante. Les groupements hygrophiles liés à la présence de l’eau se développent en bandes vertes dans les zones marécageuses de l’aval, de l’amont et sur la rive Est du lac. Ils sont représentés par Phragmites communis, Typha latfolia, Scirpus lactustris, Iris pseudacorus. Cette végétation sert de refuge aux oiseaux, dans la zone de transition située entre le lac et le cordon dunaire subsistent les vestiges du marais lagunaire se composant de phragmitaie Phragmites communis mélée de Tamarix africana et de massette à Typha latifolia envahis par un groupement halophile à Planta go coronopus. Les terrains en pente entourant le lac sont occupés par un important maquis, quelques bosquets d’Eucalyptus camaldulensis, et de friches. Le cortège floristique de ce maquis est composé principalement de Pistacia lentiscus et Olea europaea ainsi que Hedera helix, Smilax aspera, Asparagus acutfolius. Le lac de Réghaïa reste dans la région le seul témoin des divers caractères biogéographiques des zones humides. Les espèces méditerranéennes restent les plus abondantes avec environ 50 % des espèces recersées en raison de la stabilité du climat de type méditerranéen. Les espèces européennes ne représentent que 14 % des plantes, observées, alors que les cosmopolites occupent 12 %. Enfin, il est à signaler la présence de 03 espèces endémiques à l’Afrique du Nord : Arenaria cerastioides, Cyclamen africanum et Scilla lin gulata et également la présence d’une espèce rare au niveau du littoral : Abutilon theophrasti. L’écran végétal constitué par le maquis et la roselière assure une protection de l’avifaune contre les vents, les prédateurs terrestres et les perturbations liées essentiellement à l’homme et à son bétail. Il augmente même les chances de nidification pour les oiseaux. Ainsi, la protection de cet écran est une condition nécessaire pour une bonne préservation du milieu et des espèces qu’il abrite.

Faune Remarquable :

Malgré sa taille réduite, le lac de Réghaïa a révélé une richesse et une diversité insoupçonnées non seulement en oiseaux migrateurs et en hivernants mais aussi en nicheurs rares. La zone humide héberge plus de 203 espèces d’oiseaux dont 82 espèces d’oiseaux d’eau parmi les quels 04 espèces sont rares et protégées par la législation internationale : Aythya nyroca, Marmaronetta angustirostris, Pophrio orphyrio, Oxyura leucocephala et 55 espèces sont protégées par la réglementation algérienne. Il s’agit notamment de, Podiceps cristatatus, Plegadis falcinellus, latalea leucorodia, Phoenicopterus ruber, Recurvirostra avocetta, Larus cachinnans, Circeus aeruginosus, falco timmunculus, Columba livia etc. Une colonie de Goeland leucophée (La rus cachinnans) est établie durant toute l’année sur l’Ile Agueli. La Sterne naine (Sterna albfrons), par contre a manifesté des veillîtés de nidification sur la dune où elle est dissuadée par les dérangements trop fréquents. Au niveau du maquis, des espèces de mammifères, de reptiles et d’amphibiens sont notés. Il s’agit notamment du Chacal (Canis aureus), de la Genette (Genetta genetta), de la Mangouste (Herpestes ichneumon), du Sanglier (Sus scorfa), du Rat rayé (Lem-niscomys barbarus) du Lièvre brun (Lepus capensis), de l’Hérisson d’Algérie (Erinaceus algirus), du Porc épie (Hystris cristata), du Renard (Rueppelli vulpes), de laTortue clemmyde (Clemmys lep rosa), de la tarente de mauritanie (Gecko sp), du Lézard vert (Lacerta viridis), de la Couleuvre fer à cheval (Colubra sp), de la Couleuvre à collier (Natrix natrix), et du Caméléon commun (Chamaelo vulgaris). Ainsi, la position géoqraphique de Réghaïa, à mi chemin des zones humides de l’oranie et d’El kala et face à la camargue, offre un réel mtérêt comparatif dans le contexte de la connaissance des migrations et de l’hivernage dans l’Ouest méditerranéen.

Facteurs défavorables :

Le lac, réceptacle direct des eaux urbaines, industrielles et agricoles reçoit quotidiennement environ 80 000 m3 d’eau polluée par jour. les concentrations des pol luants, conséquences des divers rejets (industriels, urbains et agricoles) ont dépassé les normes internationales admises. Il est constaté trois types de pollutions. La pollution organique ou la demande biologique en oxygène (DBO5) est de l’ordre de 1 l4mg/l. La pollution chimique, l’analyse des différents indica-teurs de la pollution inorganique (DCO,N03, N02,NH4,P04, les métaux lourds, les températures et le PH) a donné les valeurs nettement supérieurs aux normes admises par l’OMS. Ceci réduit considérabiment le pouvoir d’autoépuration de l’Oued et provoque son eutrophisation et la dégradation du milieu naturel. La pollution physique due aux matières en suspension (MES) a atteint 825mg1l. Cette augmentation a pour conséquence un envasement du milieu récepteur avec une modification importante des fonds et la disparition progressive de toute forme vivante. Ceci a provoqué la disparition de la végétation aquatique et des poissons d’eaux douces comme la Carpe royale et l’Anguille. La station d’épuration édifiée à cet effet n’est toujours pas potentiellement fonctionnelle depuis sa mise en service en 1997. la gestion irrationnelle des eaux du lac, par méconnaissance du fonctionnement hydrologique du plan d’eau, entraîne un pompage excessif des eaux et provoque un assèchement prématuré du lac. Une déstabilisation du littoral par les prélèvements de sables entraînant une érosion du rivage, une démolition des dunes stabilisées et une altération des chaînes alimentaires. Les destruction des habitats par les labours inadéquats, le surpaturage, les coupes de bois et de touffes de Typha latifolia. Les dérangements provoqués par les enfants et les passants.

Direction Générale des Fôrets